Un temps de paix...

La louve suivait les Toundras depuis quelques semaines. Sa mère était morte et elle se retrouvait désormais seule. La vieille louve lui avait conseillé de toujours suivre une meute et celle-là en particulier. Bien qu'elle ignorait les raisons, la jeune canidé obéissait et obéirait à ce principe fondamental qu'on lui avait enseigné. Heureusement pour elle, la meute ne semblait pas l'avoir repérée. A moins qu'ils ne se fichent de sa présence? Après tout, elle ne faisait que les suivre, jamais elle ne les avait volé en proie et jamais elle n'avait tenté de les attaquer. Elle devait certainement être insignifiante à leurs yeux...

Il faut avouer qu'en ces temps de tensions, une louve solitaire n'est qu'un insecte. Nimeria avait entendu des loups en parler: des canidés du continent venaient... Mais, là-bas, une chose s'était passée... Les Hommes avaient péris... Les loups avaient changé. On les disait plus forts et plus impressionnants. Certains auraient développés leur intelligence, d'autres leur rapidité. La jeune solitaire ne savait que penser de ça... Mais ils venaient pour prendre possession des terres de l'île. Une chose était sûre à ses yeux: les Taïgas et les Toundras ne laisseraient pas passer ça! Les dominants protégeraient leur meute, quoiqu'ils leur en coûtent!

Nimeria, tout en pensant à cette nouvelle, s'était éloigné de la meute. Mais elle restait sur leur territoire. Elle avait besoin et se sentait obligée de profiter des derniers moments de paix sur cette île... Elle s'avançait donc furtivement vers la steppe. En cette saison, ce lieu était certainement le plus calme et le plus agréable de tous les lieux de l'île! Les bêtes s'y regroupaient et la vie battait bon train. Pourtant, ce n'était pas le lieu préféré de Nimeria... Elle, elle aimait les endroits plus... Sombres. Plus cachés. Car, oui, elle craignait les autres loups. Les femelles, non, mais... Les mâles... C'était une autre histoire. Elle n'en avait, pour ainsi dire, jamais côtoyé. Elle se souvenait bien de quelques têtes de ces messieurs quand elle était enfant mais... Voila, c'était différent maintenant.

Elle accéléra son pas, se sentant plus proche de la steppe. L'odeur des fleurs et de l'herbe de ce lieu, si particulière, venait jusqu'à elle, l'invitant à venir s'y plonger! Et, elle accepta cette douce invitation. Bientôt, elle foula cette prairie... Son regard doré se perdit dans l'étendue sauvage et encore saine qui s'offrait à elle... Elle huma avec force cet air. Le corps détendu, l'esprit serein, elle s'avança. Les buissons offraient un peu d'ombre et une bonne cachette en cas de bruit étrange. La jeune louve resta un moment debout, sans bouger. Ce spectacle que lui donnait la nature ne serait peut-être plus là pour longtemps... Il disparaitrait sûrement. Comme d'autres encore.

La folie de la jeunesse la prit! Elle s'élança à pleine foulée dans la steppe! Elle se sentait légére... Et capable de tout. Les herbes chatouillaient avec malice son ventre sans essayer de la retenir, le vent sifflait à ses oreilles tout en talonnant ses flancs avec douceur, les quelques oiseaux chantaient au rythme de sa course éffrenée! Elle était libre. Libre de tout mouvement. Elle n'avait ni dominant, ni ami, ni compagnon et, pourtant... Elle se sentait bien. Malgré tout, elle aurait souhaité rejoindre un jour une meute... Oui, comme les Toundras. Mais elle n'en était pas encore digne: elle n'avait aucun talent particulier si ce n'est sa ruse et sa discrétion... Trop peu pour être utile à un clan.

Elle ralentit enfin et finit par s'arrêter au milieu de la prairie, la langue pendue, haletante. Elle se coucha sur le côté, ne pouvant plus supporter d'être debout, et se roula sur le sol. Sa robe noire se couvrit de brun et de quelques branches d'herbes. Elle se retourna ensuite sur le ventre et poussa un soupir de satisfaction: il n'y avait rien de mieux que ça...

(C'est court ! >o< )

Aamon

Cela faisait un moment qu'un imposant loup brun marchait sur les traces des Toundras, profitant de leur présence pour s'informer sur ce qui se passait actuellement, ce bourdonnement soudain et incessant qui parlait de ces fameux loups irradiés qui allaient bientôt arriver sur l'île, et qui chercheraient à conquérir une partie de l'île.Cela faisait plusieurs jours que ce tintamarre durait, aussi bien de jour que de nuit, des loups à chaque endroit de l'île hurlaient leurs rages ou leurs désespoir, tout le temps, quasi sans interruption.Tout ceci ne faisait qu'irriter l'énorme loup, regrettant amèrement le silence qui régnait d'habitude sur son île, sa tranquillité quotidienne maintenant brisée.Même les montagnes semblaient se moquer de lui, répercutant les hurlements des autres loups en échos interminables, raisonnant d'un bout à l'autre de l'île.

Grognant entre ses crocs, Aamon pressa le pas vers la steppe, ésperant trouver ici le repos et le calme qui le fuyait depuis plusieurs jours.A la vue de la prairie verdoyante, envahie de diverses fleurs illuminée par un soleil flamboyant, le loup se détendit légèrement, appréciant ce paysage et le calme qui y régnait.Enfin, calme...jusqu'à ce qu'une toute jeune louve fasse son apparition, gambadant avec insouciance dans ce parterre de fleurs, euphorique.Son pelage d'un noir d'ébène détonait avec ce paysage coloré, seule tâche sombre au milieu d'un arc-en-ciel de couleurs vives.Rapprochant son ventre du sol pour être plus discret, l'imposant loup avança doucement vers un grand rocher, espérant pouvoir atteindre son renfoncement pour s'y coucher et être ainsi "à couvert", protégé des regards.

A mi-chemin, Aamon se rendit compte que l'inconnue s'était couchée, cachée par les hautes herbes.Lentement, il se redressa pour aller rejoindre son rocher au petit trot, profitant de la brise légère qui camouflerait le bruit de ses pas.Il aimait ce vent frais et porteur de tant d'odeurs différentes, rafraîchissant et vivifiant, soufflant toujours paisiblement, petite brise rassurante et réconfortante.
Arrivant enfin sous son rocher, il observa les alentours avant de se coucher en boule, surveillant la petite louve noire avec attention, espérant ne pas s'être fait remarquer.